Podcast avec Morgane Mazoyer: Plus Tard Je Serai Bijoutière et Championne de France Worldskills

00:00 Introduction et présentation. Morgane Mazoyer est une bijoutière-joaillière de 22 ans qui est la championne de France de la compétition Worldskills 2021. Il s’agit d’une compétition réservée aux professionnels de moins de 23 ans, c’est l’équivalent de la coupe du monde des métiers et Morgane a remporté la médaille d'or en bijouterie-joaillerie.

00:52 En quoi consiste le métier de bijoutier-joaillier? Morgane Mazoyer explique que son métier consiste à fabriquer l'armature en métal des bijoux qui vont venir accueillir les pierres précieuses. Elle participe à la conception globale du bijou soit depuis son dessin en 3D, soit sur la base d'un plan avec des côtes et elle doit alors découper le bijou dans une plaque d'or, de platine, d'argent... Elle s'occupe de la partie métallique du bijou pour qu'ensuite la sertisseuse ou le sertisseur puisse y intégrer la pierre qui aura été taillée par la ou le lapidaire. C'est ensuite la ou le polisseur qui interviendra sur la partie métallique pour la finition du bijou.

02:15 Comment devenir bijoutier-joaillier? Juste après la 3ème, Morgane Mazoyer s'est dirigée vers la voie professionnelle avec un CAP en 2 ans, puis elle a enchaîné avec un BMA (Brevet des Métiers d'Arts) qui s'obtient également en 2 ans. Morgane explique qu'elle n'a pas voulu poursuivre vers un DN MADE (diplôme national des métiers d’art et du design) qui s'obtient en 3 ans et donne un grade de licence avec un niveau Bac +3. Elle validera peut-être ce diplôme plus tard par acquis d'expérience ou en faisait d'autres compétitions. Morgane explique que, par exemple, le concours de Meilleur Ouvrier de France donne droit au bénéficie du DN MADE. S'entraîner à passer des concours peut donc être un vrai moyen d'obtenir des diplômes pour ceux qui ne se sentent pas à l'aise dans les études.

04:47 Faut-il faire une école de joaillerie? Morgane s'est formée dans le public avec un CAP puis un BMA. Elle n'a jamais été attirée par les écoles de joaillerie qui coûtent très cher. Pour avoir un CAP bijoutier il faut en moyenne débourser 12.000 € et pour un diplôme MBA en fabrication de bijou, c’est 20.000 €. Morgane insiste sur le fait que la bijouterie, ce n'est pas comme les écoles de commerce, il n'est pas nécessaire de sortir d’une grande et couteuse école pour trouver un bon travail. Les élèves qui sortent de ces établissements sont plus courtisés par les grandes maisons mais cette attention peut aussi très bien se gagner en participant à des concours comme l'a fait Morgane. Elle insiste sur le fait que si une personne souhaite faire ce métier mais qu'elle n'a pas les moyens de s'offrir une grande école, elle ne doit pas renoncer à son projet car l'enseignement public est aussi d'excellente qualité. Il ne faut pas se priver d'un épanouissement professionnel en faisant ce qu'on aime, soit parce qu’on n’est pas pris dans une grande école ou que l'on n'en a pas les moyens. Morgane espère qu'elle pourra servir d'exemple pour convaincre celles et ceux qui veulent faire ce métier qu'ils peuvent le faire, peu importe leur origine sociale ou leur aisance financière.

07:10 Comment éviter une mauvaise orientation? Morgane révèle qu'elle n'avait pas de bonnes notes à l'école. Quand elle a rencontré la conseillère d'orientation en fin de 3ème, celle-ci, au vu de ses résultats, a pris un prospectus sans même la regarder et lui a demandé si ça lui allait de devenir fleuriste. Cette conseillère d'orientation n'a même pas demandé à Morgane quelles étaient ses passions ou ce qu'elle aimait faire dans la vie. Elle lui a juste assigné un métier au regard de ses notes sans même se demander si ses résultats correspondaient à une quelconque réalité. Morgane est sortie du rendez-vous en pleurs, elle était inconsolable. Elle explique ne rien avoir contre les fleuristes mais ce n'était tout simplement pas ce qu'elle voulait faire. Après cette claque, Morgane Mazoyer a décidé qu'elle allait relever la tête, même si elle ne savait pas ce qu'elle voulait faire de sa vie. En rentrant chez elle, elle a repris le même prospectus que la conseillère d'orientation et elle l'a feuilleté avec sa grand-mère pour voir quel métier pourrait lui correspondre. Morgane est tombée sur le métier de tailleuse de pierre. Elle pensait qu'il s'agissait de la taille des pierres précieuses et cela l'emballait énormément. Elle s'est finalement rendue compte qu'il s'agissait de la taille de pierres dans le bâtiment. Elle s'est renseignée au sujet de la taille des pierres précieuses pour s'apercevoir que le nom était "lapidaire". Puis de fil en aiguille elle a découvert le métier de bijoutière joaillière. Morgane explique qu'il ne faut pas savoir peur de prendre sa propre orientation en main et d’effectuer des recherches par soi-même. Morgane Mazoyer indique qu'il ne faut pas non plus craindre de se tromper car il est toujours possible de changer d'orientation, mais il ne faut jamais choisir une orientation par dépit.

10:23 L'école fait-elle croire aux élèves qu'ils sont bêtes? Tout comme Morgane, Caroline Boujard dit dans son épisode du podcast qu’elle était une cancre à l’école et à la fin de la 3ème on l’a orientée vers un CAP fleuriste. Finalement, elle a découvert il y a peu de temps qu’elle est Haut Potentiel Intellectuel et dans quelques semaines elle va disputer la Coupe du Monde de rugby en tant que l’une des meilleures joueuses au monde. Quand cette conseillère d’orientation a collé à Morgane Mazoyer une étiquette de cancre alors qu’elle ne la connaissait pas, Morgane aurait pu s'effondrer et se persuader que cette femme avait raison et qu'elle n’était bonne à rien, puisque cancre à l'école. Au contraire, grâce à sa famille, Morgane sait que l'intelligence ne dépend pas de ses notes ou de ses études. Ses proches lui ont toujours dit qu'elle était capable et le fait de savoir que sa valeur ne correspondait pas aux chiffres de son bulletin de notes lui a permis de se détacher de l'image de cancre et de bonne à rien que voulait lui coller la conseillère d'orientation. Elle ajoute que si sa famille ne l'avait pas soutenue et ne lui avait pas régulièrement répété depuis qu'elle est petite, qu'elle a des capacités et que l'intelligence n'est pas un numéro sur un bout de papier, alors elle pense qu'elle aurait sûrement pensé que cette conseillère d'orientation avait raison sur son compte.

12:19 Expérimenter pour trouver sa voie. Laure Saint-Raymond qui est une grande mathématicienne a aussi dit dans son épisode du podcast qu’en France, le système scolaire est fait d’une telle manière qu’après seulement 2 ans de primaire, certains élèves sont persuadés d’être mauvais. Morgane Mazoyer est totalement d'accord avec cette vision et elle explique que si quelqu'un n'a pas eu la chance d'avoir des proches encourageants, elle invite à écouter le podcast Plus Tard Je Serai. Elle explique que grâce au podcast, on prend conscience que les personnes qui n'ont pas suivi le chemin qui leur a été tracé par d'autres s'en sortent très bien. Morgane dit très justement qu'il ne faut pas craindre de se lancer. Au pire, il suffit d’opérer un demi-tour tout en ayant appris quelque chose au passage. Peu importe l'expérience, il y a toujours quelque chose à apprendre, il faut se lancer! Morgane explique qu'il n'y a rien à perdre car chaque expérience permet de rencontrer des gens. Il y a tellement de voies de métiers qu'il est impossible de toutes les connaître. Morgane conseille d'expérimenter pour savoir ce qui nous plait, il faut expérimenter dans la vie!

16:24 Que faire en cas de mauvaise orientation? Même avec son diplôme en poche dans une certaine filière, Morgane Mazoyer estime qu'il n'est jamais trop tard pour changer de voie. Elle explique qu'il y a un mois, elle avait envie de tout plaquer et de changer de métier alors qu'elle est l'une des meilleures dans son domaine. Il existe beaucoup de formations qui sont parfois rémunérées ou qui se font en distanciel. Morgane cite les formations dispensées par le Greta qui est un établissement public et qui organise des formations pour adultes. Il existe également l'AFPA. Morgane explique que la maman du champion de France Worldskills en service en restaurant et en train de changer de métier et elle se forme pour devenir bijoutière à l'âge de 45 ans. Cela peut faire peur de changer de vie, mais il faut se jeter à l'eau. Morgane Mazoyer insiste sur le fait que ce n'est pas parce qu'on excelle dans un domaine qu'on ne peut pas aussi exceller dans un autre domaine que l'on veut explorer.

18:51 Tout s'apprend. Morgane Mazoyer révèle que, certes, elle est championne de France en bijouterie joaillerie, mais elle aurait adoré faire de la poterie, être styliste, menuisière. Elle dit que tout s'apprend!

19:14 Faut-il faire des compétitions? En plus d'être championne de France Worldskills en bijouterie-joaillerie, Morgane Mazoyer a aussi gagné deux fois la médaille d'argent du concours des Meilleurs Apprentis de France. C'est un concours organisé par la société des Meilleurs Ouvriers de France pour les jeunes qui sont encore en apprentissage. Morgane a commencé les compétitions alors qu'elle avait 15 ans et qu'elle était en première année de CAP. Elle raconte qu'au bout de 3 mois d'école, son professeur a dit à sa mère qu'elle devait faire des compétitions et a proposé que Morgane participe au concours des MAF. A partir de ce moment Morgane a été piquée par les compétitions! Morgane se rappelle la première pièce de concours qu'elle a dû réaliser. Il s'agissait d'un hublot. C'était la première fois de sa vie qu'elle a réalisé une charnière. Quand Morgane a eu fini, elle s'est remplie d'une fierté en réalisant qu'elle avait concrétisé cette pièce de ses mains à partir de zéro. Elle explique qu'elle ne voulait pas que la fierté qu'elle a ressentie s'arrête. C'est la raison pour laquelle elle a continué les concours. Ce que Morgane Mazoyer aime dans la compétition c'est le fait de créer un bijou de A à Z sans avoir recours à un logiciel 3D ou à une fonte déjà réalisée.

22:59 La compétition pour gagner en compétence. Lors de ses premières olympiades Worldskills, Morgane avoue être arrivée 6ème au classement national. Elle a mal vécu cette 6ème place, pas parce que d'autres étaient meilleurs qu'elle mais parce qu'elle a eu la sensation de ne pas avoir donné le meilleur d'elle-même. Morgane Mazoyer prend les compétitions comme des défis contre elle-même. Le but n'est pas d'être meilleure que les autres mais de faire de son mieux. Morgane Mazoyer révèle que ce n'est qu'avec l'objectif d'être meilleure que soi la veille sans regarder les autres, qu'on peut progresser. Elle estime qu'il y a toujours meilleur que soi, et heureusement, cela permet de voir qu'il y a encore du chemin à parcourir et de se fixer de nouveaux défis. Par ailleurs, participer et/ou gagner des compétitions permet de se faire un nom dans le monde professionnel.

26:10 Faut-il avoir de la fierté pour ses victoires? Morgane Mazoyer explique qu'elle a habituellement du mal à apprécier ses réussites car elle a peur de paraître m'a-tu-vu. Elle a tendance à ne pas profiter de ces moments . Toutefois, sa mère lui a dit qu'elle avait tellement sacrifié de choses pour en arriver là qu'il fallait qu'elle savoure cette réussite. Le lendemain de sa victoire au championnat de France Worldskills, Morgane est donc descendue prendre son petit-déjeuner avec sa médaille autour du cou. Au bout de 24 heures, elle a rangé sa médaille pour regarder vers l'avenir et vers de nouveaux défis.

27:20 Comment se remettre de ses échecs? Après sa 6ème place lors de sa première participation aux olympiades Worldskills en 2018, Morgane a eu beaucoup de mal à se remettre en selle. Le Covid lui a permis de prendre du temps pour se reprendre en main. Elle s'est faite violence car pour participer aux championnats Worldskills il faut avoir moins de 23 ans et Morgane n'avait plus qu'une seule opportunité pour se présenter de nouveau. C'est l'effet "c'est maintenant ou jamais" qui lui a donné la force de se représenter à la compétition. Morgane avoue qu'elle a beaucoup douté d'elle, qu'elle a beaucoup pleuré. Elle ajoute que c'est très dur de se confronter à soi-même. Morgane répète qu'elle ne fait pas les compétitions pour se confronter aux autres mais pour se dépasser elle-même. Elle avoue abandonner parfois, mais seulement temporairement. Morgane Mazoyer précise qu'il faut savoir prendre le temps de se reposer et de s'écouter car il faut réfléchir au défi que l'on cherche à relever pour le réussir. Foncer tête baissée sans rien changer de son comportement n'aidera pas à relever le défi qui a déjà été perdu une première fois.

30:48 Devenir MOF. Morgane Mazoyer explique que le concours des Meilleurs Ouvriers de France est très différent de celui des olympiades Worldskills. Il faut beaucoup d'expérience et comme l'a dit Séverine Jean, carreleuse MOF dans son épisode, avec ce titre la carrière professionnelle prend un tournant majeur. Il faut beaucoup travailler pour obtenir le titre de MOF et Morgane veut rajouter un défi au défi en essayant de devenir la plus jeune bijoutière-joaillière Meilleure Ouvrière de France. Morgane explique qu'il faut avoir 23 ans minimum pour s'inscrire et que la cession précédente et déjà clôturée. Elle va donc s'inscrire l'année prochaine en 2023.

32:45 Quel profil pour faire de la bijouterie-joaillerie? Morgane Mazoyer a remarqué l'étonnement des gens lorsqu'elle leur explique qu'elle est bijoutière. Beaucoup ne savent pas en quoi consiste son métier et pensaient que les bijoux étaient faits en usine à la chaîne. Morgane pense que le métier attire les filles pour le côté féminin de l'objet mais la fabrication est plus étiquetée masculine. Le métier de bijoutier-joaillier nécessite d'utiliser des outils, des marteaux, des fraises... De ce fait le métier attire plus les hommes mais Morgane constate que cela est en train de changer car les stéréotypes sont de plus en plus remis en cause, comme dans le BTP.

34:40 Les conséquences de l'absence de femmes bijoutières. Il existe très peu d'ouvrages sur les femmes bijoutières, a l'exception notable du très beau livre de Juliet Weir-de la Rochefoucauld (lien en bas de page). La profession manque donc de modèles pour les femmes. Selon Morgane Mazoyer s'il y avait plus de modèles féminins, plus de femmes se dirigeraient vers la bijouterie-joaillière. Elle explique que les modèles rassurent. Elle a été particulièrement inspirée par Simone Veil, qui n'a pas craint de se lever au milieu d'une assemblée d'hommes et de dire qu'en tant que femme, elle avait le droit de choisir pour elle. Morgane indique qu'en reprenant sa façon de penser, dans n'importe quel domaine, on se rend compte que l'on est capable de tout.

36:38 Ne pas craindre de ne pas savoir. La Directrice Internationale des Ressources Humaines de Van Cleef and Arpels, a déclaré que, pour être bijoutier, il faut avoir une bonne capacité d’apprentissage car c’est un métier ou l’on apprend en faisant. Morgane confirme en ajoutant qu'elle apprend tous les jours des bijoutiers plus anciens avec lesquels elle travail et qu'eux aussi apprennent d'elle malgré ses 7 ans d'expérience. Ils ne cessent de s'enrichir les uns grâce aux autres et c'est cette raison pour laquelle elle aime tant les métiers manuels. Morgane Mazoyer explique également que c'est un métier de transmission, qu'il faut avoir le cœur de faire perdurer. C'est un métier de passion pour lequel il faut avoir de l'amour.

38:14 Faut-il être passionné? Morgane Mazoyer estime que lorsqu'elle créé un bijou, c'est comme si elle faisait un tableau pour qu'il soit vu par le plus grand nombre. Elle explique que pour la première fois de sa vie elle va créer un bijou qu'elle a dessiné elle-même. Elle ressent tellement de fierté qu'elle accroche le dessin de son futur bijou partout autour d'elle. Pour Morgane, la mise en vitrine des bijoux c'est comme un musée où les passants regardent ses tableaux. Elle met de son âme et de son goût dans chaque bijou qu'elle créé. Elle dit qu'elle créé des moments plus que des bijoux.

39:55 Stress et manipulation des pierres précieuses. Lorsqu'elle a commencé sa formation, Morgane Mazoyer s'attachait à connaître la valeur de toutes les pierres qu'elle manipulait. Cela générait beaucoup de stress et l'empêchait de bien effectuer son travail, de peur de mal faire. Elle a décidé d'arrêter de demander la valeur des pierres. Morgane apprécie désormais les pierres pour leur couleur et pas pour leur prix, elle a appris à mettre de la distance par rapport à leur valeur. Ce n'est qu'une fois qu'elle a fini son travail sur le bijou avec la pierre qu'elle va voir le prix du bijou dans la vitrine.

41:29 La créativité, ça s'apprend. Arès s'être formée (à contre-cœur) sur une logiciel 3D, Morgane Mazoyer a dessiné un bijou pour prendre en main le logiciel. Ses collègues l'ont encouragée à montrer son dessin à ses patrons pour qu'ils lui fournissent une pierre et l'autorisent à en faire un bijou. Morgane a refusé en ne s'estimant pas légitime dans cette démarche. Ses collègues ont donc montré son dessin sans qu'elle le sache et une heure après ses patrons l'ont convoquée pour lui dire qu'ils avaient un énorme saphir bleu (presque 10 carats) qu'ils ne savaient pas comment monter depuis des années et ils voulaient qu'elle utilise pour un bijou selon son dessin. Il s'agit d'un aboutissement incroyable pour Morgane dont elle est très fière d'autant qu'elle ne s'est jamais perçue comme créative. Pour aboutir à ce résultat, Morgane s'est levé les barrières qu'elle s'était mise en se disant qu'elle était nulle en créativité. Créer un bijou à partir de son propre dessin est un aboutissement incroyable pour Morgane dont elle est très fière. D'autant qu'elle ne s'est jamais perçue comme créative. Pour aboutir à ce résultat, Morgane s'est levé les barrières qu'elle s'était mise en se disant qu'elle était nulle en créativité. Même en examen, lorsqu'elle était interrogée sur un sujet de création, Morgane explique que c'était le vide dans sa tête. Elle s'est finalement rendue compte que son blocage venait du fait qu'elle pensait que créer c'était partir de rien. Alors qu'en réalité, elle a compris que tous les artistes créent en s'inspirant de ce qui les entoure. Elle a compris que même Picasso a peint les Demoiselles d'Avignon en s'inspirant du corps des femmes. Il n’a pas créé l'anatomie féminine, il n'est pas parti de rien.

46:01 Quelles sont les qualités pour travailler dans la bijouterie? Morgane explique qu'il ne suffit pas de devenir créatif, il faut aussi apprendre à maîtriser les aspects techniques d'un bijou. Il faut apprendre à réaliser une charnière, réfléchir à comment un bijou doit être souple, etc. Le métier demande parfois beaucoup de réflexion. Une cliente a par exemple demandé à pouvoir changer la pierre centrale de son collier. Elle souhaitait pouvoir mettre un saphir quand elle en avait envie, ou un rubis. Morgane a donc dû réfléchir à ce défi technique pour que la monture du collier puisse accueillir des pierres qui seraient interchangeables, tout en étant fermement fixées lorsqu'elles sont portées. Elle explique que les bijoux, et les colliers notamment, doivent être souples pour pouvoir bouger sur le corps et ne pas être fixes. L'apprentissage de toutes ces techniques se fait par étapes. Les jeunes bijoutières et bijoutiers ne sont pas tout de suite lancés dans le grand bain avec des demandes très techniques ou des pierres très onéreuses.

49:15 L'erreur est-elle tolérée? Morgane Mazoyer explique que certaines erreurs sont tolérées car réparables. Elle donne l'exemple d'une erreur qu'elle a commise récemment en fondant les griffes d'une bague, le chaton a dû être refait. En revanche, lorsqu'une pierre se fend, il n'y a rien à faire si ce n'est retailler la pierre. C'est un fait peu connu mais les pierres précieuses peuvent se casser. C'est la raison pour laquelle il faut faire preuve d'une grande rigueur en travaillant avec des pierres. Morgane explique que son entreprise reçoit beaucoup de bijoux pour les réparer car les pierres ont été brisées par endroits. Les pierres précieuses ne sont pas indestructibles, il faut donc apprendre à les manipuler pour savoir comment ne pas les casser. Cet apprentissage se fait petit à petit.

52:09 Un métier qui recrute et qui est ouvert à toutes les catégories sociales. Les métiers de la bijouterie sont des métiers de niche mais ils recrutent car l'industrie fait face à une pénurie de main d’œuvre. Pour attirer les jeunes vers ces métiers, Van Cleef and Arpels a mis en place l’évènement « de Mains en mains » pour présenter aux jeunes les métiers de la bijouterie et de la joaillerie. Le fait de manipuler des métaux et des pierres précieuses toute la journée donne au métier une image inaccessible, alors que ce n'est pas du tout le cas. Morgane Mazoyer explique que le problème est que le luxe intimide mais façonner des bijoux et les acheter n'a rien à voir. Elle ajoute qu'elle n'aurait jamais pensé travailler dans le monde du luxe. Elle vient de la campagne, son père est vigneron, elle ne s'était jamais imaginée dans ce milieu, et pourtant elle y réussit. Morgane admet qu'elle ne se sent pas appartenir au même milieu que celui de ses clients et qu'elle a parfois du mal à y naviguer. Elle convient qu'en devenant une grande créatrice de bijoux, elle devra apprendre à évoluer plus aisément dans le milieu des acheteurs d'objets de luxe. Elle explique que c'est comme le reste, elle apprendra petit à petit. Morgane Mazoyer confirme que le secteur de la bijouterie-joaillerie recrute mais que les grandes maisons de joaillerie ne recrutent que les meilleurs. Dans le monde de la bijouterie il n'y a pas d'ailleurs pas que des grandes maisons. Il est tout à fait possible de trouver un emploi dans un atelier familial comme l'a fait Morgane Mazoyer. Elle explique qu'il vaut mieux commencer dans une maison modeste car on y apprend plus de savoir-faire que dans des grandes maisons où tout est déjà fait et réglé avec des processus. Il ne faut pas penser que la filière est bouchée parce que les grandes maisons recrutent peu, il y a tout un tas d'ateliers qui cherchent désespérément des jeunes prêts à apprendre le métier.

58:18 La prochaine invitée du podcast? Morgane Mazoyer aimerait beaucoup entendre les sœurs Venus et Serena Williams. Elle admire leur force de caractère, leur éthique de travail ainsi que leur capacité à se dépasser. En dehors de leurs exploits sportifs, elle trouve remarquable qu'elles ont réussi à changer dans la vision de la femme noire.

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